VIE ET SOIN à L’HÔPITAL d’ANJANAMASINA
A Anjanamasina, les unités d’hospitalisation manquent depuis bien longtemps des équipements les plus élémentaires, considérés comme indispensables au bon déroulement de la vie quotidienne et des soins aux malades mentaux.
Pourtant, il nous a été permis de constater, depuis ces 2 dernières années, que des efforts ont permis de faire bouger les choses…
Comme par exemple, la construction de sanitaires (qui n’existaient pas jusqu’ici) pour chacune des Unités de soins, soit : 1 à 2 douches et au moins 1 W.C. par pavillon, c’est-à-dire pour une vingtaine de malades.
Cela a permis entre autres au personnel soignant d’améliorer l’accompagnement aux soins d’hygiène des patients les plus démunis. « C’est une réelle avancée » témoignent des infirmiers, dont le rôle est d’aider ces personnes au quotidien dans la réappropriation de gestes simples, comme se laver chaque matin…
Mais, à côté de cela, les chambres (pour ne pas dire les cellules) des patients sont actuellement dépourvues pour la plupart de mobilier digne de ce nom. Lorsqu’il existe des vieux lits en fer (rafraîchis récemment d’un coup de peinture), il manque hélas des matelas et de la literie. Quelques vieux matelas en mousse, sans housse de protection, ont survécu tant bien que mal à l’usure du temps et au déchiquetage opéré par certains malades psychotiques en crise… Ces vestiges de matelas ont été depuis belles lurette imprégnés d’urines, mis en pièces et relégués dans un coin de chambre, comme une relique du seul bien précieux à conserver au milieu d’une cellule vide…
Pas de draps, peu de couvertures. Nul endroit pour entreposer les effets personnels, lesquels sont entassés dans la salle de garde infirmière à côté d’un minuscule placard, d’un lit et d’une table déjà encombrés…
Chaque Unité dispose d’un modeste local faisant office de Bureau Infirmier. Seul mobiler : une table où s’empilent les cahiers d’écolier servant de Dossier de Soin pour chaque patient. Pas de local d’infirmerie proprement dit pour les petits soins, ni de matériel spécifique. Pas plus que de produits d’hygiène ou de décontamination à cet effet.
Mes collègues infirmiers me font remarquer qu’il ne disposent pas de piluliers pour les médicaments, pas plus que de gobelets ni de plateau pour les distribuer. Ils utilisent faute de mieux des petits flacons en verre, de récupération, portant le nom du patient, avec le risque que cela suppose en cas d’acte de violence de la part de celui-ci…
Les malades ne disposent pas dans la majorité des cas de vraie salle à manger. La distribution des repas se passe sous la véranda intérieure du pavillon, chaque patient venant récupérer dans un récipient sa part de nourriture, distribuée à partir de conteneurs posés à même une vieille table en bois.
Malgré cette évidente précarité de vie quotidienne, l’attention des soignants à l’égard des malades se manifeste par des temps d’écoute, et un encadrement vigilant des moments difficiles pour certains d’entre eux.
Médecins et infirmiers privilégient depuis longtemps, si j’en crois mon constat et le témoignage de nos collègues d’Anjanamasina, l’accompagnement des malades mentaux dans des activités thérapeutiques…dans un souci de stimulation, d’aide à la communication et aussi de réacquisition de gestes et d’habiletés mis à mal par la maladie. Ces activités s’avèrent à la fois renarcissisantes et source de créativité pour ceux qui peuvent y participer.
En 2009, les activités thérapeutiques priorisées sont au nombre de 3 : Groupe Couture-Broderie, Groupe Buanderie et Groupe Sport.
Le « Comité de Soutien pour Anjanamasina » a réalisé une première tranche d’acquisition de matériels et de produits divers à leur intention en octobre 2009,avec la collaboration du personnel hospitalier. Les fonds récoltés auprès de nos soutiens en France, aussi modestes puissent-ils paraître avec le recul, ont permis de fournir un panel d’outils et de matériel pour ces activités, ainsi que des produits d’hygiène et des vêtements pour les malades nécessiteux et sans famille.
A l’heure actuelle, le budget officiel de l’hôpital psychiatrique ne permet pas d’acquérir ces produits.
Pas plus qu’il ne suffit à faire face à un approvisionnement suffisant en médicaments spécifiques par la Pharmacie de l’établissement.
C’est un des souhaits de la Direction que de doter l’institution d’une Concession pharmaceutique indépendante, à l’instar des autres grands hôpitaux de la capitale, qui permettrait d’acquérir et de revendre aux familles des malades, à un coût très modique, les traitements indispensables.
Concernant ce projet, qui pour l’instant fait figure de « rêve » difficile à réaliser sans moyens financiers, COSOANJA ne s’interdit pas d’entreprendre une réflexion sur sa faisabilité. Tout comme nous ne nous interdirons pas d’espérer des lendemains meilleurs pour ces malades et leurs aidants, avec au besoin notre soutien, pour que l’aventure du soin aux malades mentaux, à Madagascar comme ailleurs, reste avant tout une aventure humaine, enrichissante pour tous…
J.MONTEIL – 23/05/2010
Bon courage à tous ceux qui soutiennent VOLONTAIREMENT notre Hôpital.
Tous mes remerciements.
Un employé de HPA.
Le but de la société n’est de procurer à chacun le bien-être avec ou sans petits soins ? quoiqu’il en soit, merci pour ce billet très instructif.